- Yvain de Corlay a écrit:
- Qu'elle est l'histoire de cette épée ?
Voilà ! :L’épée de Saint Maurice (Turin) est l’une des meilleures épées préservées du XIIIe siècle. C’est une épée massive, sans doute destinée à être portée sur un cheval (épée d'arçon ?).
A propos de Saint-MauriceMaurice d'Agaune ou saint Maurice et ses compagnons coptes venus de Thèbes (soldats thébains), martyrs du Valais, sont des personnages légendaires morts pour leur foi vers la fin du IIIe siècle. La légende d'Agaune est née de l'invention de corps de martyrs, de la tradition de saint Maurice d'Apamée importée peut-être par le moine Jean Cassien, et du souvenir encore vivant de la Legio Felix.
Saint Maurice est fêté le 22 septembre ou parfois le 27 décembre par confusion avec Maurice d'Apamée.
Saint-Maurice est censé avoir été officier dans une Légion de soldats chrétiens de l’Egypte supérieure pendant le règne de l’empereur Maximien Herculius, vers 287.
Sa légion, la Legio Thebiae (Légion thébaine), est censée avoir été composée de jusqu'à 6 600 égyptiens chrétiens coptes qui avaient été initialement recrutés et stationné à Thèbes en Haute-Egypte.
Maximien a transféré la Légion thébaine, parmi d'autres unités impériales, en Gaule dans un effort pour écraser une révolte gauloise chrétienne.
Selon une tradition légendaire, après la mort de Longin, la Sainte Lance aurait été transférée en Égypte, atteignant avant l'an 286 Thèbes, où saint Maurice l'aurait redécouverte. À la disparition de Maurice, la relique serait tombée dans les mains des empereurs romains païens qui ne lui accordent aucune attention jusqu'à ce que l'empereur Constantin converti au christianisme marque l'étendue de sa nouvelle Rome, Constantinople, en traçant ses limites avec la pointe de la lance. La lance devient ainsi un symbole de pouvoir dans le Saint Empire.
Les soldats de la légion thébaine reçurent l’ordre de tuer tous les habitants près d'Octodure (Martigny) au nord des Alpes, qui avaient été convertis au christianisme par saint Materne. Le refus de saint Maurice et celui de sa légion d'obéir à cet ordre a été la cause d'un célèbre martyre, le massacre de la légion thébaine.
La plus ancienne preuve de l'existence de Saint-Maurice se compose d’une lettre écrite pendant le début du Ve siècle par Eucher de Lyon (370-449)
Récit d' Eucher de Lyon: « Il y avait à cette époque une légion de soldats, de 6 500 hommes, qu'on appelait les Thébains. Ces guerriers, valeureux au combat, mais plus valeureux encore dans leur foi, étaient arrivés des provinces orientales pour venir en aide à Maximien. Comme bien d'autres soldats, ils reçurent l'ordre d'arrêter des chrétiens. Ils furent toutefois les seuls qui osèrent refuser d'obéir. Lorsque cela fut rapporté à Maximien, qui se trouvait alors dans la région d'Octodurum (Martigny aujourd'hui), il entra dans une terrible colère. Il donna l'ordre de passer au fil de l'épée un homme sur dix de la légion (DECIMATIO, ce qui a donné décimation de nos jours), afin d'inculquer aux autres le respect de ses ordres.
Les survivants, contraints de poursuivre la persécution des chrétiens, persistèrent dans leur refus. Maximien entra dans une colère plus grande encore et fit à nouveau exécuter un homme sur dix. Ceux qui restaient devaient encore accomplir l'odieux travail de persécution. Mais les soldats s'encouragèrent mutuellement à demeurer inflexibles. Celui qui incitait le plus à rester fidèle à sa foi, c'était saint Maurice qui, d'après la tradition, commandait la légion. Secondé par deux officiers, Exupère et Candide, il encourageait chacun de ses exhortations. Maximien comprit que leur cœur resterait fermement attaché à la foi du Christ, il abandonna tout espoir de les faire changer d'avis. Il donna alors l'ordre de les exécuter tous. Ainsi furent-ils tous ensemble passés au fil de l'épée. Ils déposèrent les armes sans discussion ni résistance, se livrèrent aux persécuteurs et tendirent le cou aux bourreaux. »Etude plus complète ici : http://www.aasm.ch/pages/echos/ESM004092.pdfSaint Sigismond, le premier roi saint chrétien au nord des Alpes fonde un monastère qu'il dote puis, le 22 septembre 515, y inaugure la louange perpétuelle de saint Maurice. Dans les siècles qui suivirent la noblesse du royaume de Bourgogne (actuellement : Suisse Romande, Franche-Comté, Lyonnais, Savoie, Dauphiné, Provence) mais aussi du Saint Empire (depuis Henri IV) vouèrent un véritable culte à saint Maurice.
Saint-Maurice est un des saints plus populaires en Europe occidentale. Il y a plus de 650 lieux sacrés portant son nom uniquement en France et plus de 70 villes portent son nom.
Au moyen-âge, Saint-Maurice était le Saint patron d’un certain nombre de dynasties d’Europe et des empereurs du Saint empire romain germanique, dont beaucoup étaient oints devant l’autel de Saint-Maurice, à la cathédrale Saint Pierre à Rome.
Le Roi Sigismund a fait don de terrains à un monastère en son honneur en 515. Henri IV (919-936) a cédé à la province de Aargua suisses en échange de la Lance des Saints ; et une autre relique sacrée, l’épée de Saint Maurice (Vienne), qui a servi l’épée de couronnement des empereurs du Saint Empire romain (Allemagne et Autriche, parfois avec des parties de l’Italie) pour plus de 700 ans.
Il existe à ce jour plusieurs épées dites de "Saint Maurice", dont la plus célèbre et celle du sacre des empereurs du Saint Empire romain germanique, utilisée pour la dernière faois au XIX°.
Pour plus d’informations sur les épées de Saint-Maurice, consultez cet article très instructif par Björn Hellqvist sur Björns svärdssida.
L’épée :Contrairement a l'autre épée attribuée à Saint-Maurice qui est à Vienne (celle des sacres des empereurs), celle qui nous intéresse réside à Turin ainsi que des reliques du saint. L’épée est censée être celle qui fut utilisée pour décapiter Saint-Maurice, même si c’est clairement une épée du tout début du XIII° siècle.
À l’origine dans le Trésor de l’abbaye de Saint-Maurice dans le Valois (Suisse), en 1591 Carol Emanuele Ier de Savoie transfère l’épée, ainsi que de la moitié des os de Saint-Maurice, à la chapelle royale à Turin.
Depuis 1858, l’épée a été fichée dans l’Armeria Reale (Arsenal Royal) à Turin et porte le numéro d’inventaire AR G 25. Elle est dans un excellent état de conservation. On pense que l’épée a été construite à la toute fin du XII° ou la première moitié du XIIIe siècle.
Contrairement à son homonyme de Vienne,
c’est bien une épée de combat sans fioritures sans embellissements.
Le pommeau de fer est de type "Brazil nut » (pommeau de
Oakeshott de type a).
La poignée est en bois recouvert de cuir mince, brun, parchemin ou peut-être même lin, dont certaines parties ont séché et pelé au cours des siècles.
La garde en Croix est en fer de style de
Oakeshott 6, légèrement courbée vers le bas et avec embouts aplatis.
La lame en acier est de type
Oakeshott XII et a une gorge (
fuller pour denis !)assez large (1/3 de la largeur de la lame), peu profond et qui court sur les trois quart de la longueur de la lame.
Il y a quelques marques gravées sur les deux côtés de la lame : H + H et
+ H +, respectivement.
Une des raisons expliquant l'excellente condition de conservation l’épée est sans doute qu’elle a été stockée dans un étui en cuir spécial.
Le boitier est fait de bois finement orné et décoré cuir brun foncé et de "gesso duro" (un type de plâtre).
Il a été façonné au cours des années 1434-38, ce qui est évident d’après le style de l’armure portée par la représentation du saint peinte sur l’extrémité de la poignée de l'étui.
Les autres décorations sont les armes de Savoie, Piémont et de Gênes et une inscription en Latin :
O bone mauricii nouvelle tui cor amici ut nunquam subici laqueis possit observer.
SpécificationsLongueur hors tout : 41.38"(105 cm)
Longueur de la lame : 36.13"(91,7 cm)
Largeur de la lame (à la base) : 2.13"(5,4 cm)
Rouage : 9 » (22,86 cm)
CoP : 21.13"(53,66 cm)
Poids : 2,96 lbs (1,34 kg)
Vous pourrez constater que la lame de ma copie est de dimensions légèrement inférieures, car destinée à être portée sur l'homme.